Oct 16, 2018

Bretagne : Une Sculpture Monumentale Pour les Archers Anglais qui ont Défendu la Souveraineté de la Bretagne Médiévale.


Après 14 mois de travail, les propriétaires du château de la Giraudais ont fini de construire la grande sculpture qui représente les 440 archers anglais qui ont battu les soldats du royaume français en 1488. Dessinée par le sculpteur Marc Simon, cette œuvre est en hommage à Edward Woodville qui a parvenu à unir ses troupes avec celles du duc de Bretagne, François II, pour l’indépendance de Bretagne. En effet, ce chef d’œuvre est la troisième mention physique de ces hommes galants unifiés pour une cause juste : il y a une plaque plus au sud de Bretagne et une autre plaque commémorative sur île de Wight en Angleterre.

 

L’article ci-dessous a été publié par Agence Bretagne Presse :

Le mardi 25 septembre 2018, a eu lieu au château de la Giraudais, au nord du champ de bataille de Saint Aubin du Cormier et du terrain MAB Koad Sav Pell, lieu de sa commémoration, l’inauguration d’une sculpture monumentale en granit de 5,20 m de hauteur, taillée dans un bloc de 20 tonnes à l’origine.

Cette sculpture monumentale représente un archer anglais de 1488, en hommage aux 440 archers anglais environ, venus de l’île de Wight sous commandement de Sir Edward Woodville « Lord Scales », et morts ici pour défendre la souveraineté et l’indépendance de la Bretagne, le 28 juillet 1488, voici 530 ans.

Les propriétaires du château de la Giraudais, Jérôme et Laurence Jacquet, ont fait cette commande à Marc Simon, voici prés de 18 mois… Ensuite, il aura fallu au sculpteur Marc Simon, ( à qui on doit déjà et entre autres sculptures le portrait d’Anne de Bretagne sur le terrain MAB Koad Sav Pell ), 14 mois de travail, deux études, six maquettes et près de 700 heures de taille. Sur son socle, l’archer anglais de pierre mesure 3m, et l’arc lui même en granit, (prouesse technique exceptionnelle), décrit une portion de cercle de 3,40 m.

« Cette sculpture se doit de rappeler aux visiteurs que les terres de la Giraudais ont connu la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier en 1488. Considérée comme déterminante dans la perte de l'indépendance de la Bretagne, la bataille a impliqué quelques centaines d’ archers anglais venus renforcer l'armée du Duc de Bretagne », nous explique Jérôme Jacquet.

Il faut savoir également que les dépouilles des archers anglais, qui semblent avoir eu un « traitement spécial » de la part des Français, ont été enterrés à quelques mètres de là, au coin du bois, d’après une information orale qui a traversée les cinq siècles, grâce à une famille locale déjà là du temps de la bataille… et nommée par Arthur Le Moine de La Borderie dans sa monumentale Histoire de la Bretagne. C’est son dernier descendant dépositaire qui m’a montré précisément le lieu en 2001, avant de décéder quelques années plus tard.

« L'archer est un homme du XVe siècle, sa taille a été accentuée pour être visible de loin. Il est cuirassé, casqué et botté. Il porte un manteau et dispose d'une besace pour ranger ses flèches. Il est représenté visière baissée. Nous avons, Jérôme et moi, préféré l'image du combattant anonyme, symbole de l'ensemble des archers anglais, un soldat inconnu en quelque sorte, à la portée plus universelle » précise le sculpteur Marc Simon.

L’inauguration s’est déroulée devant prés de 300 invités, plusieurs élus locaux, dont le président de la région administrative de Bretagne, Loïg Chesnay-Girard, en tant que président de la Communauté de Communes Cormier-Liffré., le Maire de Mézières sur Couesnon Olivier Barbette, le Maire de Gosné Véronique Lepannetier Ruffault et le Maire de Saint-Aubin du Cormier Jérôme Bégasse.

La première mention physique et publique de la présence des archers anglais se trouve sur une plaque du monument aux Bretons érigé en 1988 par l’association Koun Breizh plus au sud, au niveau des troupes françaises, et en bordure de route. Une erreur s’y est glissée : le commandant de ces archers de l’ïle Wight était bien Sir Edward Woodville, et non Talbot, autre personnage historique d’une autre bataille plus ancienne..

La deuxième mention physique et publique de la présence des archers anglais à Saint Aubin du Cormier, et morts là, se trouve sur l’ïle de Wight elle même, sur une plaque commémorative, installée puis inaugurée le 28 juillet 2009 par “English Heritage” au musée du château de Carisbrook sur l'Île de Wight, en mémoire de Sir Edward Woodville, Duc de Scales et Lord of Wight, et de ses 440 archers morts à St Aubin du Cormier en 1488, ainsi qu'au jeune Diccon Cheke, le seul archer anglais survivant du massacre, épargné semble-t-il pour qu'il revienne sur son île raconter la tragédie! Sur cette plaque est écrit :

«IN MEMORIAM SIR EDWARD WOODVILLE and the 440 gallant men of the Island Who died at the battle of St Aubin, July 28th 1488. And to Diccon Cheke, sole survivor of the massacre, who returned with the story. Requiescat in Pace».

English Heritage honore les archers de Wight morts à Saint-Aubin du Cormier en 1488

L’Archer Anglais de Marc Simon à la Giraudais est donc à ma connaissance la troisième mention physique et publique de la présence des archers anglais à Saint Aubin du Cormier en 1488. Sur le socle de la sculpture monumentale, Jérôme Jacquet a fait graver ce texte en français et anglais : «Archers de Wight. En venant mourir loin de chez vous, vous n’avez point eu droit à vos arcs de triomphe. Vous gisez ici depuis ce funeste 28 juillet 1488. Entourés de vos frères d’armes et de vos ennemis, vous avez appris depuis à faire la paix. Puissiez-vous, braves archers, inspirer nos vivants. Soldat de pierre, soit le témoin de notre reconnaissance tardive.»

Rappelons aussi qu’avec les archers anglais, plusieurs soldats d’autres nations étaient présents côté breton: 800 Germaniques (Allemands et Flamands), 3500 Basques, Gascons et Castillans. Et côté français : 5000 Suisses, et des Gênois et Napolitains. Toute l’Europe de l’ouest était représentée dans cette bataille majeure de la fin du moyen âge, avec prés de 30 000 hommes en armes. 7 500 hommes y trouvèrent la mort.. 6000 bretons et alliés, 1500 français et alliés. Cette bataille sonna le glas de l’indépendance bretonne, qui fut officiellement perdue après un moment de renaissance, 44 ans plus tard en 1532.

En comparaison la plage d’Omaha Beach, pourtant appelée « bloody Omaha » (Omaha la sanglante), a vu la mort de 1000 GIs et 2 000 blessés et disparus dans la journée du 6 juin 1944… et à la bataille de Saint Aubin du Cormier, 7 500 morts.. Il est vrai que les français achevèrent tous les blessés. Tout cela vaut bien quelques monuments, et gageons que ce n’est pas fini. Honneur à ces hommes tombés là pour la Bretagne !

 

Photo crédit : Wikipédia