Aug 11, 2016

Brittany: KAD Wants to Install Regional Parliament [Fr]


Photo Courtesy of: La Chronique Républicaine 2016 @Le Courrir Indépendant

For the first time since then French Revolution, in November 2016, Bretons will be voting for members of their own parliament. Through the re-establishment of the Parliament of Brittany, Kelc’h an Dael (KAD) – the association fighting for the rights and some form of autonomy for Brittany – hopes to help Bretons take their destiny back into their own hands. In an interview, KAD member Jean-Loup Le Cuff explains the rationale behind the November elections.

 

Below is an article published by Le Courrier Indépendant:

Jean-Loup Le Cuff, vous êtes l’un des piliers de l’association KAD. KAD, qu’est-ce que c’est ?

- KAD (Kelc’h an dael, le cercle du Parlement) n’est pas un parti breton de plus, mais un lieu de rencontre et de coordination de tous les bretons et partis bretons désireux de faire l’union. A l’origine, c’est une association loi 1901 dont l’objectif est d’organiser des élections au Parlement de Bretagne.

Pourquoi ?

Depuis son annexion brutale et illégale par la France, la Bretagne est sous une administration française qui la gère a minima, la gardant sous un étouffoir de contraintes et d’interdits, mais captant toujours à son profit notre manne fiscale. Or, j’ai 56 ans et assez de recul et de maturité politique pour comprendre que le jeu jacobin des Politiques français ne reconnaîtra jamais les minorités. La Bretagne n’a rien à attendre de la pseudo démocratie française qui ne respecte pas même les conventions internationales signées par l’Europe et l’ONU en la matière.

A quoi pensez-vous par exemple ?

- L’Etat ne tient jamais compte des attentes des Bretons. Pétain a découpé la Bretagne, les gouvernants successifs ont entériné cette décision inique pour affaiblir la Bretagne ; l’Histoire de la Bretagne n’est pas enseignée ; tout est fait pour que les langues bretonnes disparaissent ; nos impôts sont directement gérés par la capitale ; aucune autonomie n’est laissée aux régions en matière économique, et l’on peut réunir 20 000 manifestants à Nantes pour demander la réunification, l’Etat fait la sourde oreille. Et l’on pourrait multiplier les exemples dans tous les domaines. La France est le dernier pays européen à fonctionner de cette manière. C’est peut-être pour ça qu’elle va si mal aujourd’hui… La France est un pays d’un autre âge qui a 200 ans de retard. Hollande en est resté à l’époque de Jules Ferry, le fossoyeur des langues minoritaires, et de Gambetta, le responsable du gâchis du camp de Conlie… La France n’est pas un pays démocratique, mais une oligarchie affairiste dont les dirigeants ne défendent que leurs intérêts personnels.

Que peut faire un parlement régional ?

- L’enjeu est double. Devenir un interlocuteur valable et représentatif de la Bretagne sur l’échiquier international comme sur le plan national, et permettre aux Bretons de choisir comment ils veulent être gérés. Actuellement, il n’y a aucune représentation bretonne nulle part.

Mais l’Etat ne reconnaîtra jamais ce parlement. C’est d’ailleurs contraire à la constitution. Il ignorera complètement ce Parlement…

- Mais les Bretons auront la légitimité pour ignorer à leur tour l’Etat français. Il faudra que la France puisse prouver que son administration est légale. Or, il n’existe pas un seul document prouvant que la France est dans une position légale en Bretagne. Le Parlement aura cette légimité qui lui permettra pourquoi pas de créer sa propre constitution. Il faudra partir du droit coutumier breton jadis en vigueur, qu’il faudra dépoussiérer et actualiser, cela prendra du temps, mais il faut que les Bretons prennent conscience que c’est possible.

Dans un premier temps, ce parlement fonctionnera comme un « shadow cabinet » ou « assemblée parallèle » proposant ses solutions bretonnes au peuple breton, qui pourra comparer avec les solutions jacobines en Bretagne.

Vous prônez l’indépendance ?

- Ce n’est pas à moi d’en décider, ce sera au Parlement de Bretagne de le faire. Moi, je n’ai pas à prendre position. En revanche je pense à titre personnel que le meilleur moyen de gérer la Bretagne est d’adopter un système démocratique comme la Suisse.

Mais tout cela n’est-il pas utopiste ?

- Non, si les Bretons le veulent. Le chemin sera sans doute très long, mais c’est une vraie aventure humaine très exaltante dans laquelle nous nous sommes engagés. Economiquement, il faut que les Bretons prennent conscience que la Bretagne a plus de moyens que bien des pays européens indépendants. Nous ne rêvons pas. On sait très bien qu’il n’y aura pas grande affluence à ces premières élections. C’est pour cela que cette assemblée ne siégera que trois ans, afin de permettre rapidement à tous les dubitatifs de qualité de rejoindre ce grand projet pour la démocratie bretonne. Ensuite, au fil des élections, ce Parlement prendra de plus en plus d’importance et pèsera de plus en plus lourd…

Actuellement, vous multipliez les réunions d’information en Bretagne. Où en êtes-vous dans votre projet ?

- En octobre, nous envisageons la publication des listes de candidature. En novembre, nous mettrons en place le vote. Il ne sera pas possible d’utiliser le même processus que pour des élections classiques, ne serait-ce que parce que l’Etat s’y opposera. Il y aura donc sans doute un ou plusieurs bureaux de vote centraux pour voter physiquement, et le reste se fera par courrier postal avec suivi pour éviter les détournements et irrégularités, et par internet.