Nov 02, 2015

Haratin: Scandal of Human Trafficking Covered by Some Mauritanian Officials


Lured with promises of employment, hundreds of Mauritanian and Haratin women have fallen victim to Mauritanian criminal employment agencies that have sent them to Saudi Arabia where they have been exploited, humiliated and tortured by ruthless employers. The article tells the stories of these women’s plight and sheds the light on the struggle of those who successfully escaped, while countless are still “missing”. The tragedies of these women, victims of a human trafficking mafia, may possibly uncover a hidden agenda of the Mauritanian government and its counterparts in Saudi Arabia. 

 

Below is in article published by Cridem.org:

 

DuneVoices - L’histoire de Salka a commencé au mois d’avril dernier lorsqu’on rapporta l’ouverture des inscriptions pour engager des aides ménagères au Royaume d’Arabie Saoudite. La proposition parut si alléchante pour la dame âgée de 38 ans qu’elle s’acharna, via son amie, à trouver le bureau d’emploi qui gère les recrutements.

Salka raconte avec amertume : « le chef du bureau m’a vendue après m’avoir menti au sujet du contrat. J’ai subi la torture et le harcèlement de la part du garant qui m’avait reçue à l’aéroport de Riyad. J’ai immédiatement contacté le chef du bureau pour l’en informer. Il m’a répondu que, quand on veut travailler, il faut savoir se montrer patient !! ». 

Poursuivant le récit de sa mésaventure, Salka ajoute : « J’ai travaillé comme femme de ménage chez trois foyers à la fois : celui du garant, celui de sa fille et celui de son fils.

Comme j’étais éreintée et que je leur ai dit que je n’en pouvais plus de cette situation, ils m’ont répondu qu’ils n’en avaient rien à faire, qu’ils avaient payé mes services et qu’ils en voulaient donc pour leur argent et de la manière qui leur plaira ». « Je me suis donc enfuie de chez le garant pour me rendre à l’ambassade mauritanienne.

Les employés qui m’ont reçue se sont débarrassés de moi en me renvoyant au bureau des agents de service comme si je n’étais pas citoyenne mauritanienne. C’est de là qu’on m’expédia à Nouakchott sans que j’aie obtenu le moindre droit », conclut-elle.

Mariem Bent Mohamed Jada relate son expérience à Dune Voices : « J’ai entendu parler d’une agence d’emploi qui recrute des employés. Je me suis rendue sur place et j’ai demandé au chef de cette agence de m’expliquer les clauses du contrat. 

Il m’a alors lu une version où je serais nourrie et soignée par le garant chez qui j’irai travailler, en plus d’un salaire de 1500 rials saoudiens. J’ai donc accepté et fait mes bagages.

Arrivée le deuxième jour des fêtes d’Aïd El Fitr, j’ai commencé le travail chez un garant du quartier Al Izdihar à Riyadh et, dès le premier jour, ils m’ont chargée de travaux pénibles : je passais ma journée à faire les tâches ménagères et ma nuit à m’occuper de leur fille handicapée ». 

Mais les ennuis de Mariem ne s’arrêtent pas là. Elle poursuit en effet : « Ayant eu mal au visage, je me suis adressée à la maîtresse de maison pour lui dire que j’étais malade mais elle a refusé de me soigner. Et quand, au bout d’un mois de travail, j’ai demandé ma paye, elle m’a hurlé qu’ils m’avaient achetée en versant 16 mille Rials saoudien au bureau d’emploi et que par conséquent ils ne me devaient rien. 

Après moult explications, j’ai fini par me rendre compte que le contrat de travail qu’on m’avait fait signer était complètement différent de la version donnée à la famille qui m’a engagée ».

Quinze récits semblables pour quinze femmes différentes de retour d’Arabie Saoudite, tandis que le sort des autres, parties de la même manière, demeure parfaitement inconnu.

Abou Bakr Weld Al Mami, chef de l'Initiative Populaire Contre la Violation des Droits des Haratines réduites en esclavage en Arabie Saoudite révèle qu’« il existe en Mauritanie des mafias de traite humaine qui bénéficient de la couverture de l’Etat ».

Notre interlocuteur assure aussi que les membres de l’Initiative « ont, entre autres actions, organisé devant l’Ambassade d’Arabie Saoudienne des rassemblements de protestations pendant lesquelles, ils ont été sauvagement réprimés au lieu que leurs revendications légitimes soient écoutées ». 

Weld El Mami n'oublie pas de lancer un appel aux autorités officielles au sujet du cas de Madame Fel qui, dit-il, erre depuis une semaine dans les rues de Riyadhpendant que ses papiers officiesl se trouvent confisqués par son garant. En joignant Fel au téléphone, elle nous apprend qu'elle a été humiliée et battue par la famille garante et que le bureau de tutelle duquel elle relève a ignoré ses plaintes répétées.

Quant au responsable du bureau pointé du doigt, il rejette en bloc, dans une entrevue qu'il nous a accordée, les accusations qui lui sont adressées par les victimes en assurant: « nous avons engagé ces femmes parmi un groupe d'employées consentantes et nous leur avons donné leurs salaires en échange des services qu'elles ont accomplis selon le contrat qui nous unit. 

Maintenant, Celles qui sont revenues, elles l'ont fait après avoir refusé d'accomplir le travail pour lequel elles ont été engagées dans les contrats signés ». Considérant que certaines parties politiques cherchent à rebondir sur l'affaire, il conclut : « Nous avons payé les billets de ces femmes et leur avons facilité les procédures du retour. Nous réclamons donc le prix des billets ». 

Samouri Weld Bay, secrétaire général de la Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie, évoque des violations qu’il qualifie d’« énormes ». Il certifie qu’elles prouvent l’implication d’acteurs influents de l’Etat dans cette affaire de « traite des Haratines », selon ses propres termes. 

Parmi ces violations, précise-t-il, la plus évidente est la façon dont les passeports de ces femmes ont été extraits, à savoir sans leur présence, ce qui est strictement interdit par la loi mauritanienne relative à l’état civil.

Il évoque également ce qu’il appelle « le laxisme » du Royaume d’Arabie Saoudite, représenté par son Consulat, qui accorde des visas de groupe à des dames n’ayant pas de contrats de travail légaux tamponnés par l’Inspection du Travail, n’étant pas accompagnées par des « mahrams », comme le stipulent les lois du Royaume, et sans la présence d’un représentant saoudien, comme l’indique l’usage international de recrutement de main d’œuvre étrangère.

Samouri Weld Bay accuse les chefs de ces bureaux d’emploi d’être proches du pouvoir en place et décrit ce qui se passe comme un crime contre l’humanité visant particulièrement les femmes des Haratines.

Parmi les centaines de femmes ayant été expédiées par ces bureaux, il considère celles qui n’ont plus donné signe de vie comme « des disparues », soulignant que« si certaines ont été perdues de vue, celles qui sont parvenues à rentrer, malgré tous les drames horribles qu’elles ont dû endurer, sont les plus chanceuses et les plus astucieuses».

Cheikh Weld Abdi, également membre de L’Initiative Populaire, affirme à son tour que 2000 dames ont été expédiées en Arabie Saoudite pendant l’année en cours et que l’Etat mauritanien est tenu d’enquêter auprès des agences afin qu’elles fournissent le chiffre exact des femmes envoyées par leur intermédiaire, ainsi que des listes comportant leurs noms et les endroits où elles se trouvent, surtout qu’au sein de l’Initiative, ils ont pu constater que ces femmes n’étaient pas inscrites au bureau saoudien de la main d’œuvre étrangère. 

Le directeur général du travail au Ministère de la Fonction Publique Hamoud Weld Etfail Bob explique pour sa part que la loi mauritanienne n’autorise pas jusque-là l’ouverture de bureaux de recrutement de main d’œuvre étrangère et que ceux qui sont impliqués dans cette affaires n’ont donc aucun fondement légal. 

Il souligne également que lorsque, au sein du Ministère, ils ont pris connaissance, via les services d’inspection, de l’existence de quatre bureaux spécialisés dans ce trafic, ils leur ont envoyé un avertissement et les ont fermés.

Le directeur général précise enfin que la responsabilité de ce qui arrive à ces femmes revient aux deux parties ayant signé le contrat, considérant ainsi que l’Etat n’a rien à voir avec ces accords, dans la mesure où ils ne sont pas enregistrés dans les registres de l’Inspection du Travail. 

Photo courtesy of Imagens Angélicas @Flickr